lundi 9 février 2009

Potosi la belle et son enfer des Mines

Apres une route de nuit tres chahutee, nous arrivons finalement a Potosi, la ville de 100 000 hab la plus haute du monde, c'est a dire a 4100m. La ville fait partie du patrimoine naturel et culturel de l'humanite.




Nous arretons a l'Hostal Copacabana, confort un peu sommaire, mais assez central et pas cher du tout.


Potosi est l'une des plus belles villes que nous avons pu visiter depuis le debut de notre tour de l'Amerique du Sud. Le centre nous devoile toute son architecture baroque. La Casa de la Moneda, l'ancienne fabrique de monnaie expose encore toutes les machines utilisees pour creer les pieces, mais aussi des vestiges archeologiques, 300 mineraux de la region, de magnifiques peintures religieuses, et des oeuvres en argent. Un musee impressionant, mais attention: on a que 5 minutes pour visiter chaque piece, et la qualite de la visite depend vraiment du guide!



les differentes eglises,


la cathedrale,


on aime se ballader dans les ruelles pentues du centre.



La ville grouille de vie, le marche est bonde de monde tout comme les ruelles commercantes ou on trouve de tout. Les gamins dans les minibus qui hurlent aux passants les destinations, les vendeurs(ses) de bijoux, de bracelets, de poulets a la broche, de feuilles de cocas, de cigarettes...




La plaza 10 de Noviembre est vraiment agreable, bordee de batiments coloniaux et la cathedrale. Les habitants viennent s'y poser en famille. Il y a des vendeurs de glaces, on donne a manger aux oiseaux. On y converse, on se rencontre.





Il est possible de monter en haut du theatre, et de grimper sur le toit pour profiter d'une magnifique vue sur l'ensemble de la ville, ca vaut vraiment le coup d'oeil car elle s'etend sur des kilometres.



Les mineurs des quartiers populaires vivent plus haut, au pied du Cerro Rico, qui domine la ville.



La ville a connu sa grande periode faste avec ses puissantes mines d'argent qui ont largement ete exploite par les espagnols pendant des siecles. Plus de 6 millions de mineurs d'indiens Quechuas, Aymaras sont morts pendant cette periode de travail force, dans des conditions epouvantables (epuisement, effondrement des galeries, intoxication au mercure). Les mines de Potosi ont enrichi l'Espagne et elles ont contribue au developpement du capitalisme en Europe. C'est une page historique importante dans l'histoire de la Bolivie, et Potosi un point central, qui deviendra aussi un lieu de nombreuses manifestations, source de reforme pour la Bolivie.

Aujourd'hui, la reserve d'argent de la mine est presque completement epuisee. Les mineurs exploitent donc l'etain, le bronze et un peu d'argent. Nombreuses agences permettent maintenant aux touristes de penetrer les mines pour voir le monde souterrain des mineurs.

Au depart, cette idee ne nous enchantait pas: rentrer dans les mines pour regarder des hommes travailler dans des conditions deplorable nous parassait un peu voyeuriste et deplace.

Bien au contraire, nous avons trouve une agence tres serieure "GreenGo," geree par un ancien mineur, "Julio," qui reverse un pourcentage de chaque entree a une cooperative. Julio nous explique le fonctionnent de la cooperative de La Negra, la mine que nous allons visiter. Les tresors de la mines vont tous a la cooperative qui les revend et assure une redistribution equitable de l'argent apres vente des mineraux. Elle sert aussi d'assurance pour les accidents, et maladies et prevoit des retraites pour les mineurs. Les mineurs elisent un nouveau president tous les deux ans.

En revanche, comme les equipes de mineurs travaillent pour leur propre compte, chacun doit acheter son propre materiel pour sa recherche. Julio nous permet donc de leur acheter des feuilles de cocas, des cigarettes, des boissons gazeuses et surtout de la dynamite. On peut en acheter comme si on rentrait dans un bureau de tabac "Hola 2 batons de dynamites, un grand coca et des Cigarettes, Gracias !"




Attention: Manger de la dynamite est dangereux pour la sante!

Avant de descendre dans les mines, nous nous equipons avec un casque, des bottes, une tenue impermeable (empeche les salisures), et des lampes frontales. Julio est tres direct et tres autoritaire avec le groupe (parfois tres vulgaire quand il n'est pas content), car il est responsable de notre securite, et il y a deja eu des morts lors de visites avec des agences peu serieuses qui pretent peu attention au groupe.


Julio nous rappele que les mineurs ne sont pas la pour les touristes et qu'il faut a tout pris eviter de les deranger dans leur travail.

La mina Negra est uniquement visite par lui, il connait tout le monde ici. Nous cotoyons desormais le monde de Germinal, un monde d'hommes endurci au travail dont la duree de vie depasse difficilement les 50 ans. Nous entrons dans un petit tunnel solidifie par quelques poutrelles, on se baisse pour ne pas se cogner la tete et nous avançons a bonne allure dans les diffrentes galeries. " Suivez moi!" nous hurle Julio- et on se depeche, car il y a des wagons sans freins dans ses tunnels et Julio sait exactement quand et ou il faut se deplacer.




Nous rencontrons differents mineurs, en train de creuser des trous dans des veines de minerais pour y plonger de la dynamite, d'extraire de l'eau, de remonter des wagons ou des brouettes, de tailler la roche pour en ressortir un precieux metal. Nous leurs offrons de la dynamite, des feuilles de cocas (c'est ce qu'ils veulent le plus). Cet echange nous permet aussi de discuter avec les mineurs, qui ont, eux memes, pleins de questions sur nos pays, nos familles et notre profession.


Apres coordination avec l'equipe en place, Julio decide de nous emmener a 80m plus bas. Ici pas d'ascenceurs mais des echelles en bois sur 15 metres, des poutres a traverser au dessus d'un trou ( mais sous l'oeil vigilant de Julio, qui ne rigole pas).



Julio nous explique que les mineurs ne sont pas la pour reprendre le travail de leurs peres, mais surtout parce qu'ils n'ont pas le choix, car a cette altitude il n'y a pas d'agriculture. De plus ils doivent faire vivre la famille. Les jeunes ont souvent des enfants trop tot, avant meme d'avoir fini leurs etudes, et doivent ensuite assurer la survie de la famille avec le travail de mines.

Les mineurs considerent cette endroit comme l'enfer, car "qui vit sous terre ou il faut se faire mal pour extraire de l'argent!?"..."Le tio", le diable en personne. Les mineurs venerent le diable et lui font des offrandes de feuilles coca, l'alcool et les cigarettes, pour qu'ils puissent extraire. Sous terre, les mineurs vivent a son image... pas de place pour les faibles ici.




L'an passe, 36 mineurs sont morts dans ces memes mines: d'explosions un peu tardives de dynamite qui sautent lorsque les mineurs redescendent dans la galerie ou ils les ont implantes. Lorsque nous remontons dans les galeries superieures, nous pouvons ecouter la detonation et ressentir la vibration du sol suite aux explosions des dynamites.

Apres plus de 2 heures a marcher dans les galeries, nous retrouvons l'air respirable. Ici c'est surtout la poussiere qui tue les mineurs petit a petit.


La visite est une experience marquante et tres riche qui nous permet d'en apprendre davantage sur ces hommes de famille qui se tuent au travail.



Claustrophobes s'abstenir, car certaines galleries sont etroites et on descend profond.


Nous restons quelques jours a Potosi pour profiter de la vie de la ville et de nos derniers jours avec Ben et Louisa, car c'est ici que nos chemins se separent, nous remontons a la capitale...La Paz

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bravo les enfants il faut le faire,je ne suis pas sure du tout d'avoir le courage de descendre aussi profond sous terre. les feuilles de coka sont un vrai remede dans ce pays , domage qu'en france ce ne soit pas plus connu. a bientot les glob trotter. bisous bisous .maithe et papy .