Nous sommes à Vuyuru, un village à quelques kilomètres de Vijayawada dans le sud de l’Inde, la province appellee l'Andra Pradesh. Smila Kodali, une bonne amie à Geraldine, nous a donné le contact de son oncle, chez qui nous nous sommes installés pendant 10 jours. Nous sommes les premiers touristes à rester dans le coin, ce qui explique la curiosité des habitants alors que nous passons devant chez eux.
Amil Kumar et Durga (qui nous ont tout de suite demandé de les appeler Auntie et Uncle) gèrent une ferme de rizières et de cannes à sucre. Malgré notre experience de participation au travail agricole dans les fermes, l’affaire des Kodali comprend une centaines d’employés et notre proposition est accueillie avec un peu d’amusement…
Nous sommes ici traités comme la famille – donc pas question de mettre la main à la pâte, même pour aider dans la cuisine! La famille de Smila à decidé qu’il fallait que l’on aime leur pays et ils ont donc tout fait pour que nous nous sentions chez nous!
Le matin, Amil Kumar vient prier dans la petite pièce attenante à la chambre d’amis qui est dédiée aux dieux… chaque puja (dieu) est representé par une petite statuette dorée sur le mur – on reconnait Ganesh, Shiva, Hannuman – mais il y en a au moins 9 autres que l’on ne connait pas…
Durga récolte des pétales de fleurs aromates tous les matins pour faire une offrande et son mari, allume l’encens et commence les prières… La religion et la spiritualité font partie intégrante de la vie quotidienne ici…
En Inde, chaque nouvel emménagement dans une maison et chaque ouverture d’enterprise est bénite par un Brahman… une vache qui a été préparée pour la cérémonie doit entrer dans la maison… sans la présence de la vache sacrée, l’entreprise serait vouée à l’échec… Inutile de dire que l’on ne mange pas de steak ici…
Amil tient à nous montrer les rites de sa religion et nous fait même participer aux prières quand nous allons visiter un temple… nous présentons nos respects aux dieux Hindus….
A Vijayawada, nous allons visiter un temple qui se trouve sur la flanc d’un volcan ; nous enlevons nos chaussures pour entrer et versons de l’eau sucrée dans la bouche d’un idol. Apparemment, notre égard envers cet idol devrait sauvegarder la ville contre de futures éruptions.
Nous rencontrons aussi quelques Brahmans et visitons les temples de notre bourgarde. Chaque fois, différents rites sont requis… il faut se laver les pieds, faire trois fois le tour du temple, sonner une cloche, s’incliner devant les dieux, louer les dieux, prier pour nos proches ( pour chaque personne, Amil donne des rupees au Brahman, signe de son dévoument à la cause,) casser une noix de coco pour offrir son contenu, faire tourner une sorte de queue de loup trois fois devant chaque dieu, faire tourner un baton d’encens …etc..
Nous repartons, après une gorgée d’eau douce, avec une feuille de bon riz béni cuisinée par le Brahman, quelques grains de riz sur la tête, et un point rouge sur le front.
Pour ne pas perdre les offrandes, souvent de la nourriture, les Brahmans les offrent aux familles pauvres du village.
Amil reste souvent après notre visite pour échanger des paroles avec le Brahman, et parfois plus longtemps s’il s’agit de régler un malentendu entre des personnes du village (il est très bon médiateur). Quand nous lui demandons quelles ont étées les bonnes paroles du Brahman, il repond;
“Il faut être bon… Il ne faut pas tout garder pour soi, être égoiste.. il faut partager son bonheur avec ceux qui ont moins de chance - nous serons jugés pour nos actions…”
Finalement, nous trouvons que la plupart des religions ont le même message, un message de paix.
Quand Amil nous demande ce que nous pensons de l’Inde… nous lui repondons pourquoi elle nous plait tant… Voici ce que nous lui avons dit…
1) Nous aimons les familles soudées… La campagne de l’inde est très traditionnelle.
Chez les Kodali, nous habitons avec la maman de Durga, qui participe à la vie familiale pour élever les enfants. Contrairement à la societé occidentale qui a tendance catégoriser les gens comme étant productifs ou pas, la personne agée ici a un rôle à jouer et elle est respectée même quand elle devient infirme.
Les enfants sont très protegés, parfois même un peu dans une bulle…. les parents sponsorisent leur éducation, recherchent leur futur epoux, payent et organise le mariage et leur trouvent souvent un premier emploi – le garçcon hérite de la propriété des parents, la fille part vivre chez son époux. La tradition permet aux enfants d’éviter le poids d’un lourd crédit sur une maison. Elle permet aussi aux jeunes mamans de trouver du soutiens pour élever les enfants, lui permettant aussi parfois de poursuivre un vie professionnelle sans nounous.
Néanmoins, ces coutumes peuvent s’avérer contraignantes ; il y a d’innombrables problèmes entre belle mère et belle fille, des amours rendus impossibles à cause de l’intervention des parents, etc..
Mais les jeunes de notre génération réussissent à trouver un juste milieu quelque part entre la tradition et la modernité…
Les voisins des Kodali ont arrangé le mariage de leur premier fils, et préparent le mariage du second qui est tombé amoureux d’une Australienne. Aujourd’hui, certains jeunes hommes viennent vivre dans la famille de leur épouse plutôt que le contraire.
Pavani, une nièce du côté de Durga part bientôt en Angleterre pour faire ses études et devenir pharmacienne et peut être rencontrer l’homme de sa vie – mais à terme, elle souhaite revenir près de sa famille… en revanche, sa meilleur copine souhaite se marier et préfere confier la tâche de choisir le mari à ses parents.
Les jeunes que nous avons rencontrés s’écartent peu à peu de certaines coutumes, mais restent néanmoins des enfants dévoués à leurs proches.
Pavani nous a confié qu’elle à un amour fraternel pour ses cousins et qu’elle ne supportera pas longtemps d’être loin des siens. Venou, un jeune entrepreneur de 30 ans, a des rêves de grandeur et de richesses, mais jamais il n’envisagerait d’abandonner sa famille et son village pour les promesses d’une grande ville.
Beaucoup de parents semblent tolérer les changements par amour pour leurs enfants, mais aussi parce que leurs enfants ont de nos jours des opportunités qu’ils n’ont pas eu, eux au même âge.
Aujourd’hui, à part dans les familles les plus traditionnelles ou religieuses, l’enfant qui souhaite voler de ses propres ailes sera souvent encouragé (certains parents sont même soulagés.) En revanche, un enfant un peu plus timide et renfermé peu compter sur ses parents pour l’aider à faire les démarches qui l’amèneront vers une vie maritale et professionnelle.
On nous invite même pour fêter la déese Durga chez le voisin …
Amil et Durga se sont chargé de nous faire découvrir la region en commençant par la campagne environnante…
Amil, vraissemblablement très respecté dans le coin s’arrête discuter avec les bergers, et nous fait découvrir différentes plantes que nous n’avons pas chez nous.
Au bord des canaux qui serpentent autour des champs, des huttes couvertes de feuilles de palmier se sont construites. Les familles qui y habitent sont très pauvres, et utilisent l’eau des canaux pour leurs besoins quotidiens… Le bord de la route sert de toilette, en particulier tôt le matin. D’autres locaux dorment à même la piste.
Oui, la pauvreté est omniprésente ici.. Les éleveurs de boeufs sont en general très maigres et très noirs de peau. Les ouvriers agricoles travaillent dans les champs- toujours avec une chemise ou un sari soignés.
En bord de la route on voit des hommes qui repassent des habits, des vendeurs de fruits, des hommes qui dirigent leurs troupeaux à travers la ville… et dès le petit matin on entend les Brahmans qui chantent leurs prières.
Nous traversons la riviere Krishna à pied – faute d’une bonne mousson, elle a été complétement asséchée.
Nous allons voir un temple de presque 2000 ans taillé à même la falaise.
Nous allons aussi visiter un village reconnu à travers l’Inde pour le tissage des plus jolis saris, à coté de Vijayawada. Sans que nous ne puissions protester, Uncle et Auntie offrent à Geraldine une superbe robe Indienne, et Pavani insiste pour lui en offrir une autre… c’est Pavani qui choisi les tissus et qui fait les dessins pour le tailleur.
Enfin, Amil nous amène visiter l’usine qui transforme sa canne à sucre, et celle des autres agriculteurs de la région. Nous sommes très impressionés, non par la propriété elle même, mais surtout par les démarches sociales de l’entreprise. D’abord, le gérant de l’usine a bâti un très joli lotissement arboré, avec une école et un temple pour loger les employés de l’entreprise. L’usine organise aussi des formations pour les adultes, une maison de retraite pour les personnes agées, et des centres de soins médicaux gratuits et centres d’informations sur le SIDA et les maladies sexuellement transmissibles.
Les conditions de travail dans l’usine ne sont pas les mêmes qu’en Europe … mais les employés on l’air d’être assez fiers de leur lieu de travail; il l’ont entièrement décoré pour célébrer le festival de la déese Durga.
Quand nous ne visitons pas la région avec Durga et Amil Kumar, nous profitons du rythme de la vie à la campagne. En soirée, quand la chaleur lourde de la journée a diminuée, nous allons nous promener dans le village.
Tous les jours, Venou vient nous rendre visite… avec lui, nous allons ramasser les fruits du palmiers et les faire cuire en pleine nature sur un feu. Nous allons boire le thé chez lui, et parfois Nico et Venou vont taper un balle au dessus du filet de badmington à côté de “chez nous”.
Et tous les soir, nous allons voir des amis d’Amil et Durga…. Des amis qu’ils ont depuis leur petite enfance… Pas besoin de briser la glace- tout le monde est vite en train de parler de politique, de se “chambrer”, de rire aux eclats.
Bien sûr, nous ne comprenons pas le Telugu… mais nous échangeons des regards avec tous et nous sentons quelque chose de profondément humain et quelque chose sans limites internationales.
Quelle meilleure hospitalité que celle qui nous fait sentir chez nous, dans une culture que nous découvrons tout juste. A notre départ, nous souhaitons à tout prix offrir un présent pour remercier nos hôtes… Amil et Durga s’indignent et nous font rendre les cadeaux que nous avons tout juste achetés dans la boutique. Par contre, nous pensons qu’ils viendront faire un saut en France; ça sera l’occasion d’être à la hauteur de l’hospitalité Indienne …
3) Mais c’est Nicolas qui a vraiment mis le doigt dessus : ce qu’on aime le plus de l’Inde, c’est qu’elle a reussi à rester elle même, face à la mondialisation. Alors que les jeunes (quand ils ont les moyens d’étudier) sont vraissemblablement tous diplomés d’écoles d’ingénieurs et qu’ils parlent un anglais irréprochable, nous sommes aussi témoins de la grande fierté qu’ils ont de leur culture, leur religion, leur région et leur langue maternelle.
Les Indiens ont mis les Anglais dehors, mais ils ont decidé de profiter des infrastructures anglaises plutôt que de les détruires. On voit encore aujourd’hui un patrimoine riche de batiments coloniaux reconvertis et parfaitement entretenus, parmis les mosolés mogoles et de temples hindouistes….
Le Hollywood des Etats Unis a peut être inspiré Bollywood, mais ici, tout, jusqu’à la musique des film est 100 pour 100 Indien.
L’Inde est une mosaïque de différentes cultures qui cohabitent. Elle comprend une variété impressionante de nourritures, une incroyable panoplie de textiles, et des centaines de dialectes.
Les franchises et le prêt a porter n’ont pas encore tout envahi ; il y a encore des tailleurs – les femmes vont choisir leurs tissus et font faire des vêtements sur mesure. D’ailleurs les couleurs des saris changent en fonctions de leur provenance – on peut reconnaitre les sari du sud ou du nord.
Durga cuisine de sompteux plats tous les jours… c’est une cuisine du Sud et des spécialités de la region. Nous mangeons avec nos mains, des légumes organiques qui viennent du jardin sans même que le terme “bio” soit employé (l’Inde gagne le prix de la cuisine la plus délicieuse et variée de notre voyage – même si le Japon n’est pas loin)
En Inde, rien est asceptisé … Le soir la rue est vivante, et il y a un joyeux désordre, des odeurs … parfois nauséabondes, parfois sublimes. La combinaison parfois déconcertante de la pauvreté et de la splendeur du pays est ce qui rend l’Inde si séduisante pour certains et si insupportable pour d’autres.
Enfin, la vie que nous menons dans l’Andra Pradesh avec la famille Kodali est paisible. Et dans cette région, nous avons l’impression que beaucoup arrivent à trouver un travail et de quoi se nourrir. Même si pour certains, la vie est beaucoup plus éprouvante que pour d’autres, la région est particulièrement fertile et produit nombreux fruits et legumes.
En comparaison, au Rajasthan (que nous allons visiter prochainement) la famine est souvent le résultat de la sécheresse, de terres stériles, et aussi de la corruption.. Mais le sujet du Rajasthan relève du prochain article.
1 commentaire:
(Aimer,partager,servir)Il existe en france des personnes humanistes qui regissent leur vie à partir de ces trois mots.Je pense que le bonheur en vérité est en chacun de nous et le chercher à l'exterieur dans le materialisme entraine souvent une quette infructueuse. Nous sommes très fièrs papy et moi de ce que vous êtes et prions pour que vous ne changiez pas et ne soyez pas obliger de renoncer à vos idéaux par pression alimentaire .Nous sommes de tout coeur avec vous et vous embrassons très affectueusement .
Bisous,bisous
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